Les récentes images de l’île après le passage du cyclone Chido témoignent d’une dévastation alarmante. Avec au moins 40 % des habitations qualifiées de constructions précaires, la situation de l’habitat à Mayotte est devenue critique, aggravée par un déficit historique de logements.
Le cyclone a laissé derrière lui des paysages de désolation : tôles tordues, planches empilées et tissus éparpillés sont autant de signes visibles des dégâts causés. Le préfet de l’île a exprimé ses craintes concernant le nombre élevé de victimes, qui pourrait atteindre plusieurs centaines.
Marie-Madeleine Salvanes, architecte ayant œuvré pour la réhabilitation urbaine à Mayotte, souligne que ces constructions précaires se trouvent souvent dans des zones à risque. « Ces habitations sont situées dans des zones en aléas forts, très en pente ou au bord de ravins », explique-t-elle. Dans un contexte où la violence du cyclone était sans précédent, ces structures fragiles n’avaient que peu de chances de résister.
Le manque d’habitations sur l’île est un problème ancien. Selon le plan départemental d’actions pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées 2018-2023, il existe un besoin urgent d’environ 8 000 logements locatifs sociaux d’ici 2025. Bien que certains programmes aient été mis en place pour réhabiliter les habitats existants et construire de nouveaux logements, la fondation Abbé Pierre juge les réponses publiques actuelles « insuffisantes » et « inadaptées ».
La situation est encore plus préoccupante lorsqu’on considère qu’un tiers des 320 000 habitants de Mayotte vit dans des bidonvilles. La pression migratoire est souvent mise en avant par certains acteurs politiques comme une cause majeure de cette crise. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, avait dénoncé lors d’une visite en avril dernier « le chaos qui s’est installé » dû à l’immigration clandestine.
Cependant, sur le terrain, des chercheurs et des activistes soulignent que la réalité est plus complexe. Une militante anonyme affirme : « Mayotte est une fabrique de sans-papiers et donc de bidonvilles. De nombreux migrants n’ont pas de titre de séjour alors qu’ils pourraient y prétendre. D’autres ont un titre mais ne peuvent pas travailler, ce qui les contraint à vivre dans ces conditions précaires. »
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