Le tribunal burkinabè a rendu son verdict ce mardi 24 décembre dans une affaire de détournement de fonds qui ont gravement impacté l’aide aux déplacés internes dans le pays. Quatre fonctionnaires, dont le principal accusé Amidou Tiegnan, ont été condamnés pour avoir soustrait plusieurs milliards de francs CFA des comptes du ministère chargé de l’assistance humanitaire.
Amidou Tiegnan a écopé d’une peine de 15 ans de prison ferme et d’une amende de 5,64 milliards de francs CFA pour ses actes, qui incluent le détournement de deniers publics, l’enrichissement illicite, ainsi que des infractions liées à la falsification de documents. Ses collègues ont également reçu des peines allant de 6 à 15 ans de prison, assorties de lourdes amendes.
Les accusations révélées lors de l’audience ont mis en lumière une opération de grande envergure où les fonctionnaires ont falsifié des signatures et émis plusieurs centaines de chèques du Trésor public, pour un montant total s’élevant à 2,8 milliards de francs CFA.
Le magistrat Karfa Gnanou, dont le rôle était de défendre les intérêts de l’État, a exprimé sa satisfaction face au verdict. Il a déclaré : « Nous avons plaidé la caractérisation d’un certain nombre d’infractions. Ce qui a été accepté. […] Sur le préjudice financier, nous sommes à 2,13 milliards sur un montant global de cinq milliards que nous avons réclamés. » Cette déclaration souligne l’importance de la reconnaissance du préjudice tant financier que moral, infligé à l’État et à la population vulnérable.
En plus des peines de prison et des amendes imposées, le tribunal a également ordonné la confiscation des biens meubles et immeubles des quatre accusés au profit de l’État. Cette mesure vise à récupérer une partie des fonds détournés et à envoyer un message clair faisant écho à la lutte contre la corruption.
Du côté de la défense, la possibilité de faire appel reste en discussion. Maître Geneviève Ouédraogo, avocate d’Amidou Tiegnan, a précisé que la décision d’appel dépendra des discussions ultérieures avec son client.
Cette affaire a suscité l’indignation d’organisations de défense des droits humains. Abdoulaye Sidibé, président de la fédération burkinabè pour la défense des droits humains, a déclaré : « C’est un véritable scandale de détournement de fonds destinés aux personnes vulnérables. C’est déplorable de voir des fonctionnaires pervertir ces ressources. Ce verdict envoie un message fort à tous ceux engagés dans le domaine humanitaire. »
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