Dans un jugement qui suscite des inquiétudes sur la liberté d’expression et la situation des droits de l’homme au Mali, la Cour d’appel a confirmé lundi la condamnation à deux années de prison, dont un an ferme, d’Étienne Fakaba Sissoko, un universitaire renommé. Il avait été reconnu coupable en mai dernier d’« atteinte au crédit de l’État » suite à la publication d’un livre dans lequel il critiquait la « propagande » du gouvernement malin de transition.
La décision a été annoncée sans que la Cour d’appel n’ait encore fait connaître les motivations de son arrêt. Pour l’avocat de Sissoko, Maître Ibrahim Marouf Sacko, ce maintien de la condamnation a constitué une « douche froide ». Il a exprimé sa déception face à la décision : « On avait vraiment espéré que ce mauvais jugement serait infirmé, surtout avec l’expérience des magistrats de la Cour d’appel qui, souvent, font preuve d’indépendance. Mais malheureusement, cela a été confirmé. » Avec cette sanction, Sissoko doit purger encore un an de prison, ayant déjà effectué neuf mois de détention.
La récente libération de plusieurs leaders politiques dans le cadre d’une initiative de « décrispation » initiée par les autorités de transition avait alimenté l’espoir d’une évolution favorable pour Sissoko. Cependant, cette confirmation de sa condamnation laisse penser que tous les détenus ne bénéficient pas de cette volonté de détendre le climat politique. L’avocat a déclaré : « Tout le monde n’est apparemment pas concerné ».
Maître Sacko a annoncé son intention de se pourvoir en cassation devant la Cour suprême, soulignant que bien que la procédure puisse prendre plusieurs mois, cela sera un acte symbolique pour établir l’innocence de son client. « Si nous avons gain de cause en cassation, ce sera pour le principe », a-t-il ajouté, rappelant que la condamnation inclut également des dommages et intérêts de 3 millions de francs CFA (environ 4 570 euros) à verser à l’État malien.
Au-delà de l’affaire Sissoko, de nombreuses autres personnalités politiques et membres de la société civile demeurent en détention, ayant également été critiqués pour leurs opinions ou leurs actions jugées trop critiques. Parmi eux figurent des figures comme Clément Dembélé, Ras Bath, Rose « vie chère », Ben « le cerveau » et Issa Kaou N’Djim.
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